#1 - Peut-on continuer à “sauver” sans (se) sauver ?
- La Capsuleuse

- 7 août
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 20 oct.

1. SITUATION DE DÉPART
Au sein du SDIS Novum, le Service de Santé et de Secours Médical (SSSM) accumule des signaux d’alerte :
Temps de travail hebdomadaire > 60h depuis 2020, mails envoyés la nuit.
Plusieurs cas de burn-out avérés chez les ISP et MSPP, dont un départ et des arrêts maladie prolongés.
Aucun recrutement significatif au SSSM malgré l’augmentation des besoins, avec une direction qui invoque un manque de budget depuis plus de 10 ans, alors qu’il y a chaque année 15 recrutements d’officiers supérieurs hors SSSM.
2. PROBLÉMATIQUES OUVERTES
Comment un service censé “prendre soin” peut-il justifier de ne pas prendre soin de ses propres agents ?
L’argument financier permet-il de déroger à la loi et aux valeurs de la fonction publique ?
Le SSSM peut-il encore prétendre à une crédibilité en matière de qualité de vie au travail (QVT) et de prévention des risques psychosociaux (RPS), alors que la santé de ses propres agents est compromise ?
Faut-il prioriser la continuité de mission ou la santé des agents ?
Est-ce la soumission ou la subordination qui prévaut dans ce contexte ?
La loyauté vis-à-vis de la hiérarchie peut-elle justifier l’acceptation de conditions de travail délétères ?
3. ANALYSE CROISÉE
Axe Santé
Le burn-out est reconnu par l’OMS comme un phénomène lié au travail, avec des répercussions graves sur la santé physique et mentale (cf. OMS, HAS, INRS).
Les longues heures de travail augmentent le risque de décès par AVC et maladie cardiaque (OMS/OIT, 2021).
Le service, devenu malade, devient un facteur de risque pour ses propres membres.
Axe Droit
L’obligation légale de l’employeur est claire : protéger la santé physique et mentale de ses salariés (Code du travail, fonction publique, textes européens).
La responsabilité du chef de service et de la direction peut être engagée en cas de manquement manifeste (voir jurisprudence sur le burn-out).
L’argument budgétaire n’a pas valeur d’excuse légale.
Axe Sciences humaines
La frontière entre subordination (accepter l’autorité légitime) et soumission (obéir contre sa santé, sans échappatoire) est franchie.
La crise d’autorité questionne le rapport à l’éthique institutionnelle, à l’autonomie et à la possibilité même de désobéissance “juste”.
Les biais cognitifs de tous les acteurs (auto-justifications, rationalisations) peuvent empêcher une prise de conscience et des actions correctives.
4. QUESTIONS OUVERTES POUR LA RÉFLEXION
Un chef sympathique ou compétent peut-il être excusé de ses négligences ?
Peut-on respecter certaines valeurs tout en sacrifiant la santé des agents ?
Le respect du grade prime-t-il sur la santé et la dignité humaine ?
Jusqu’où va le devoir de réserve face à un système défaillant ?
La passivité collective légitime-t-elle l’inaction des dirigeants ?
5. PISTES D'ACTION
Préconisation minimale : Mettre en place des mesures collectives de prévention, pas seulement des actions individuelles.
Faut-il créer un comité d’éthique au SDIS Novum ?
Objectifs : ouvrir le dialogue, dépasser le statu quo, rendre la parole “sécure” pour tous, identifier les angles morts.
Mise en garde : un comité d’éthique “alibi” serait pire que l’absence de comité.
Proposer un audit externe, croiser les regards avec des disciplines non représentées dans l’organigramme (philosophie, droit du travail, sciences de l’éducation…).
6. POUR ALLER + LOIN
Références : OMS, HAS, INRS, OIT, Service Public, Code du travail, littérature sur la maltraitance institutionnelle et la violence organisationnelle.



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